Monsieur le beffroi s’est fait désirer mais au printemps, nous pourrons à nouveau y grimper !

Comme moi, vous vous êtes certainement demandé pourquoi il a fallu ce temps pour le restaurer. Pour vous éclairer, je suis partie à la rencontre de Richard Benrubi, ancien Directeur des services techniques de la ville. Richard Benrubi a supervisé les 30 années de restauration du beffroi.

Richard, pourquoi les travaux du beffroi ont-ils duré si longtemps ?

D’abord parce que les restaurations à effectuer étaient nombreuses et colossales en terme de coût. Jusqu’alors, une seule restauration d’envergure avait été menée depuis sa construction. Elle avait duré à l’époque 17 ans, de 1846 à 1863, et ne concernait que les parties extérieures et un peu la stabilité. Et puis, je crois que nous n’avions pas mesurer l'ampleur des réfections à réaliser. Dans les années 1960, tout le monde savait qu’il était en mauvais état mais personne n’imaginait qu’il soit autant menacé. 

Jusqu’à ce que la grande bannière tombe dans le parc du beffroi…

Oui c’était en 1965, elle est tombée lors d’une tempête. Cette chute fut le premier signal d’alarme. En 1976, c’est la console de pierre qui soutenait le premier balcon qui s’est cassée et qui est tombée dans le parc. J’étais directeur des services techniques depuis un an, je me suis dit qu’il fallait vraiment faire quelque chose. Nous avons lancé un relevé du bâtiment pour lister l’ensemble des problèmes puis nous avons essayé de sensibiliser les pouvoirs publics. Mais, la décision ne fut pas facile à prendre, il fallait trouver l’argent nécessaire et demander à la Communauté française des millions d’euros de subsides. On ne rénove pas un beffroi comme une maison. En 1980, nous avons démarré une grande rénovation urbaine. Séduite par nos actions, la directrice du patrimoine de la Communauté française s'est penchée sur le dossier. En septembre 1983, elle me téléphonait pour me dire qu’elle nous donnait des budgets pour démarrer les travaux du beffroi !Richard, pourquoi les travaux du beffroi ont-ils duré si longtemps ?

En 1983, pensiez-vous finir les travaux en 2014 ?

Non bien sûr. Mais je ne pensais pas non plus faire autant de travaux. En 1983, il fallait aller au plus urgent. Nous avons restauré les toitures. Nous avons mis un bonne année pour terminer la première phase. Le processus était enclenché, nous avions une vision de ce qu’il fallait faire.

Mais pour restaurer de fonds en combles un tel édifice, nous avons dû le faire par phase, tout simplement pour recevoir les subsides au fur et à mesure. Nous avons eu une série de surprises qui ont retardé les travaux mais pour être honnête, c’est plutôt le manque de subsides et les problèmes administratifs qui ont allongé la durée. Le projet a du être modifié plusieurs fois. Aujourd’hui, je crois sincèrement que l’on peut se réjouir de cette rénovation. Notre beffroi est reparti pour plusieurs centaines d’années, nous avons fait un beau travail.

Que représente le beffroi pour les Montois ?

Le beffroi fait partie de la famille. Il y a deux jours, une voisine m’a interpelé dans la rue, elle était perdue car l’horloge était en travaux et elle se repérait toujours au beffroi pour connaître l’heure lorsqu’elle faisait ses courses. Une dame m’a raconté également un jour qu’elle s’était enfuie en 1940 vers la France. Quand elle est revenue des années plus tard, elle a pleuré d’émotion de voir que le beffroi n’avait pas été touché par les bombardements de la guerre. 

Depuis sa construction, il n’a jamais été endommagé par les guerres ?

Non, en tous cas pas sérieusement. Pourtant, il s’en est passé des choses dans ce beffroi ! Il a servi de tour de guet aux Allemands pendant la Première Guerre mondiale. A la fin du conflit, les Allemands réquisitionnaient des métaux, ils voulaient récupérer les cloches. Pour sauver leurs joyaux, les Montois ont accepté que des concerts soient donnés en pleine Occupation. Et puis, le 11 novembre 1918 date à laquelle Mons fut libérée, le carillonneur Fernand Redouté s’est mis à jouer le Doudou, la Marseillaise, le God save the Queen à 5h du matin. J’imagine l’euphorie dans la ville. Jusqu’il y a peu, la sirène installée dans la lanterne alertait les pompiers des incendies. Elle a été démontée il y a 7 ou 8 ans.

Avez-vous quelques anecdotes à nous confier ?

Ce beffroi, il a toujours fait partie de notre quotidien. Il fut même pris en otage ! Dans les années 1950, en plein épisode de la guerre scolaire, des étudiants s’étaient enfermés dans l’édifice et avaient déroulé des banderoles. En 1962, alors que la crise de Cuba faisait rage, à nouveau des étudiants se sont introduits dans le beffroi et ont actionné la sirène. Certains Montois ont cru que c’était la guerre ! 

Dans quelques semaines, le beffroi va rouvrir ses portes avec un Centre d’Interprétation dernier cri, quel est votre ressenti ?

Je suis fier du travail accompli. Ce beffroi, c’est le chantier de ma carrière. J’ai pris ma retraite il y a trois ans mais je participe toujours aux réunions de chantier. Le 4 avril, c’est une page qui va se tourner mais j’en suis heureux. J’espère que les Montois apprécieront de pouvoir s’approprier à nouveau leur emblème. 

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